Pour ceux qui ne l’auraient pas déjà vu, j’ai décidé, début 2013, de monter une machine à scanner les livres et la poser, pour l’instant, dans le sous-sol de la Quadrature du Net.

Cette machine est donc bien montée désormais, et n’a pas atterri dans le sous-sol de la Quadrature du Net au hasard …

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Du partage de la connaissance

… Je pense que l’on peut, et même que l’on doit, en 2013, partager la connaissance. Tout d’abord parce que c’est un enjeu de pouvoir, et que je suis persuadé qu’une société se porte mieux quand les pouvoirs sont partagés par le plus grand nombre.

Ensuite, à ce jour, scanner un livre pour rendre sa connaissance disponible à tous est important. Eben Moglen nous rappelle, dans sa conférence à Re:Publica en 2012, que nous avions inventé les universités pour que les gens puissent aller là où les livres étaient, car il était plus simple d’emmener les gens aux livres que l’inverse. Aujourd’hui avec Internet, c’est l’inverse : il est plus simple d’apporter la connaissance des livres aux citoyens grâces aux tuyaux de l’Internet, et à mon avis c’est même un des plus bel usage de ces tuyaux !

Et le copyright ? Le droit d’auteur, t’en moques-tu ?

Que nenni ! Je porte une attention particulière au droit d’auteur, notamment le droit pour un auteur de contrôler la façon dont son œuvre est divulguée, commercialisée ou non, autorisée d’être modifiée ou non. Mais comme le disais le Chapelier, un des créateurs des lois encadrant le droit d’auteur en France :
« La plus sacrée, la plus légitime, la plus inattaquable, et, si je puis parler ainsi, la plus personnelle de toutes les propriétés, est l’ouvrage fruit de la pensée d’un écrivain ; c’est une propriété d’un genre tout différent des autres propriétés. Lorsqu’un auteur fait imprimer un ouvrage ou représenter une pièce, il les livre au public, qui s’en empare quand ils sont bons, qui les lit, qui les apprend, qui les répète, qui s’en pénètre et qui en fait sa propriété. ». Même Victor Hugo, à l’époque, expliquait qu’il fallait la propriété littéraire pour soustraire l’écrivain à l’asservissement des législations monarchiques. Enfin, la notion même de copyright nous ramène à l’époque des autorisations royales, où l’on autorisait (ou non) la copie chez les imprimeurs, dans le but d’appliquer la censure au sein même des imprimeries.

Aujourd’hui, avec Internet, nous ne pouvons plus appliquer les mêmes paradigmes : la copie ne coûte marginalement rien, la transmission de l’information : rien, sa mise à disposition pendant des décennies partout où il le faut : aussi longtemps qu’on l’y laisse une ampoule allumée.

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Par exemple, cette carte micro-sd de 16Go, pesant moins de 1g, de 15mm par 11mm, coûtant 10€, permet de stocker et diffuser 16000 livres de 300 pages ! En gros, tous les livres que je lirais dans ma vie, et probablement plus encore !

Le copyright et le droit d’auteur sont devenus majoritairement des moyens de contrôler la diffusion de la connaissance, de restreindre les pays en développements dans leur accès à cette connaissance, de bloquer les familles moins aisées dans un ascenseur social en panne.

Scanner un livre, le mettre à disposition pour tous partout dans le monde, c’est participer à cette diffusion massive et illimité de la connaissance. Aussi, pour un livre que celui qui le scanne considère comme bon, nous serons très heureux de le scanner, le passer à l’OCR et le diffuser auprès de ceux qui en ont besoin ! Par exemple à des gens comme Bibliothèques sans frontières, s’ils en veulent.

Cependant, dans le cas plus probable où nous scannerons des livres du domaine public, ces derniers seront bien entendu diffusés massivement sur tous les sites que nous pourrons trouver : la Bibliothèque d’archive.org, celle du projet Gutenberg et toute autre projet de librairie libre en ligne dont nous aurions connaissance.

De la machine dont nous parlons

Cette machine est donc actuellement dans le sous-sol du local de la Quadrature du Net, et grâce à un logiciel développé exprès pour elle, nous pouvons industriellement scanner des livres, obtenir des fichiers PDF images propres, et les envoyer à archive.org.

La machine construite est celle de la communauté du forum diybookscanner.org, forum en anglais dans lequel Dan Reetz a proposé les plans libres de sa machine. Désormais, on peut même la commander « prête à monter » en Europe, auprès de Mark, sur diybookscanner.eu

Cependant, si vous êtes francilien et que vous voulez venir scanner vos livres sur cette machine, n’hésitez pas à me contacter personnellement, nous ferons bientôt des ateliers de scan pour ceux qui veulent démarrer, et envisageons sérieusement de mettre la machine à disposition dans le sous-sol de la Quadrature tant que quelqu’un de la Quadrature est présent dans le local, et tant que l’ambiance reste bon enfant.

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