En France, depuis quelques années maintenant, nos gros opérateurs nationaux déploient « de la fibre ». Cette nouvelle technologie permet une connexion à Internet à très haut débit et la fourniture de nouveaux services.

Orange et Free se sont, dès le début, opposés sur les choix technologiques effectués par leur direction. Quels sont ces choix ? Quels sont leurs avantages et inconvénients ?

Explications, schémas à l’appui ! …

La Fibre selon Orange

Il y a maintenant près d’un an et demi, au bureau que ma société louait au 16 rue Moreau, nous avons eu la chance d’avoir la fibre Orange. Je pense que nous étions dans les tous premiers fibrés, en tout cas, cela sentait bon le bon en avant technologique !

Avec étonnement, j’ai vu arriver les installateurs d’Orange avec 1 fibre, suivi d’un petit boitier Alcatel carré, (nommé GPON), suivi lui-même d’une bête (et c’est peu dire) Livebox Orange tout ce qu’il y a de plus standard.

C’est ce jour là que j’ai découvert la fibre « selon Orange ». C’est-à-dire : une fibre par immeuble, et un boitier à chaque bout, à savoir d’un côté un boitier GPON par foyer, qui filtre les paquets qui vous sont destinés de ceux des voisins, et de l’autre côté, chez Orange, un boitier qui reconstitue tout cela pour l’envoyer sur Internet …

Le schéma de la fibre orange est donc le suivant :
fibre_orange.png

Ce type de technologie, nommé PON, a des avantages et des inconvénients : l’avantage est que l’on peut se contenter de tirer 1 tas de fibre dans une rue, et chaque fibre arrive dans un immeuble différent. On économise un peu sur les couts d’infrastructure (moins de fibre à poser).

Elle présente aussi des inconvénients : nécessité de mettre un boitier GPON à chaque bout, et de maintenir ces équipements, débit et usages limités (on partage une fibre entre N foyers) et enfin, ou plutôt surtout : problème de dépendance envers un opérateur.

En effet, comme la technologie retenue mélange les flux de différents clients au sein d’une même fibre, il est inimaginable que ce mélange soit fait par différents opérateurs. Aussi, si, par exemple, Free, FDN et Orange ont tous les 3 des clients dans le même immeuble, il doit y avoir 1 opérateur (ici Orange) qui soit maitre du réseau aux 2 bouts de la fibre, et qui fournit et maintient les équipements GPON, et alloue des circuits virtuels (vlan) à chaque opérateur.

Cela va sans dire, c’est un avantage indéniable que d’évincer ainsi la concurrence d’un territoire hautement concurrentiel !

La Fibre selon Free

Free, quant à lui, a choisi un autre modèle technique, bien plus simple à comprendre : il pose 1 fibre par foyer, et donc 1 fourreau de fibre par immeuble. Cette idée semble plus couteuse en terme d’infrastructure (encore que, au prix du km de fibre, n’exagérons rien : c’est bien le prix du passage dans les égouts et immeubles qui fait le prix de l’infrastructure), mais présente sinon des avantages simples et massifs : la technologie employée à chaque bout de la fibre est neutre (on pourra la changer plus tard sans remplacer la fibre), le débit est dédié au client, donc de nouveaux usages nécessitant de très haut débit non partagés pourront voir le jour, enfin, comme la fibre est physiquement dédiée à un foyer, la présence d’autres opérateurs est envisageable, et ce de manière aisée.

Le schéma de la fibre Free est donc de ce type :
fibre_free.png

Quid des petits opérateurs ?

Petits ou gros, les opérateurs Internet de France ont donc vu, sauf Orange bien sûr, d’un mauvais œil l’arrivée de ce choix technologique d’Orange, bannissant ou rendant cher et instable la concurrence dans le domaine de l’accès à Internet à très haut débit.

L’ARCEP, l’autorité de régulation des communications électronique, a donc été saisie de ce dossier, et s’est légitimement inquiété de l’absence de concurrence future sur le très-haut débit dans les zones urbaines denses.

En effet, en zone rurale, si tant est qu’il existe un jour des projets d’accès Fibre dans tel ou tel village, il est évident que plusieurs opérateurs ne pourront intervenir : il faudra en choisir un, qui posera l’infrastructure, et les collectivités locales en jeu lui imposeront d’ouvrir cette infrastructure à la concurrence avec des prix justes.

La réponse de l’autorité a été publiée le 22 décembre dernier, et elle semble satisfaisante : l’ARCEP montre les dents ! (et cela fera l’objet d’un très prochain billet)

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